L’informatique et Internet ont apporté des modifications radicales dans la gestion et l’organisation du système de santé. Ils ne sont pourtant que les premiers outils d’une révolution qui n’en est qu’à ses débuts : le cloud computing et le big data vont à leur tour permettre des progrès considérables, notamment dans le traitement des données en santé.
Pour améliorer la prise en charge des patients et l’efficience des parcours de soins, la mutualisation des informations relatives à un patient et à une pathologie est essentielle. Aujourd’hui, les établissements et les professionnels de santé disposent déjà de divers systèmes d’informations, mais ces derniers ne sont pas unifiés et perdent donc largement en performance.
Le DMP, exemple emblématique des possibilités offertes par les TIC
Pour répondre à ces besoins, le dossier médical personnel (DMP) a été mis en place en France en 2004. Cependant, comme l’a rappelé la Cour des Comptes , en raison de nombreux obstacles techniques et administratifs, cette mise en œuvre s’est soldée par un coût de 210 millions d’euros entre 2005 et 2011. Cette dépense s’élève à 500 millions d’euros si l’on tient compte du coût de l’introduction de ces dossiers dans les hôpitaux.
Dans l’étude Pour un « New Deal » numérique, Gilles Babinet souligne l’importance du dossier médical personnel comme un exemple emblématique des possibilités offertes par le numérique dans le domaine de la santé. La réussite du DMP dépend de la capacité des pouvoirs publics à garantir confidentialité, traçabilité et collégialité tout en fournissant l’intégralité des données diagnostiques et thérapeutiques du patient. L’un des principaux obstacles à l’adoption du DMP par l’ensemble des professionnels de santé est le « double masquage », c’est-à-dire la possibilité pour les patients de masquer des données et de masquer ce fait.
Il convient de s’inspirer des expériences étrangères pour faire du DMP un outil d’échanges communiquant avec les logiciels déjà en place. La possibilité de « double masquage » doit être supprimée pour faciliter la traçabilité des données pour les professionnels de santé.
Un enjeu compris et soutenu par les citoyens
Ces préconisations rejoignent celles formulées lors de la conférence de citoyens organisée par l’Institut Montaigne. Suite à deux week-ends de formation et après avoir confronté leurs idées avec des décideurs publics, des professionnels de santé et des représentants associatifs, les 25 citoyens ont rédigé un avis dans lequel il demandent la mise en place et le déploiement généralisé du DMP afin que ce dernier remplace le carnet de santé en étant consultable par le patient et les médecins qui le traitent, en ville et à l’hôpital.